Google Scholar : ami ou ennemi des outils professionnels ?

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Dans l’imaginaire collectif des professionnels de l’information, Google Scholar, le moteur de recherche académique de Google, apparaît comme un concurrent des serveurs et bases de données payantes comme Scopus, Web of Science, Proquest, Proquest-Dialog, etc.

S’il est de notoriété publique qu’une grande partie du contenu des sites et outils des éditeurs scientifiques comme Elsevier, Wiley, etc. se retrouvent sur Google Scholar, cela paraît moins évident pour le contenu des bases de données disponibles sur les grands serveurs.

Pourtant, on apprenait il y a quelques jours que Google étendait sa collaboration avec Proquest en indexant près d’un demi million de thèses disponibles dans la base de données ProQuest Dissertations & Theses Global™ database (PQDT).

Nous avons donc cherché à en savoir plus sur les relations qu’entretiennent les grands serveurs et bases de données de données avec le géant américain.

Google Scholar pour la recherche d’information et la veille

Google Scholar est un moteur de recherche dédié à la littérature scientifique lancé par Google à la fin de l’année 2004. Le moteur indexe le texte intégral ou les références bibliographiques de très nombreuses revues scientifiques et académiques, des thèses, des actes de conférences et colloques, des ouvrages scientifiques et académiques, des preprints et même des brevets.

En terme de couverture, Google ne communique pas sur le nombre exact de documents indexés dans son moteur ni sur la liste exacte de ses partenariats avec des éditeurs ou des bases de données de professionnelles.

Ce que l’on sait, c’est qu’une grande partie du contenu des sites des éditeurs scientifique et académiques sont indexés dans Google Scholar (Science Direct, Wiley Online, IEEE, ACM, etc.). On rappellera que l'accès au site des éditeurs scientifiques est gratuit et que les références des documents et le texte intégral des articles en Open Access sont accessibles gratuitement mais que l'accès au texte intégral des autres articles et ouvrages est quant à lui payant.

Plusieurs études ont également essayé d’estimer la taille de Google Scholar, certains l’évaluant à 100 millions de documents tandis que d’autres à 160 millions.

Certaines voix laissent également entendre que Google Scholar propose une meilleure couverture des publications pour les Sciences dites « dures » que pour les Sciences Humaines et Sociales (SHS).

Google Scholar, contrairement aux grands serveurs et bases de données souvent utilisées pour la veille scientifique a l’avantage d’être gratuit et accessible à tous. Cependant, ses fonctionnalités de recherche, de veille et d’analyse sont et restent bien en dessous de ce que peuvent proposer les grands serveurs.

Google Scholar n’a cessé de gagner en popularité au cours des dix dernières années. Très souvent, les chercheurs, étudiants, ingénieurs, etc. vont plus naturellement avoir le réflexe de se rendre sur Google Scholar que sur les serveurs et bases de données accessibles au sein de leurs institutions/entreprises.

Google Scholar peut donc apparaître pour certains comme un concurrent des serveurs et bases de données, et pourtant, certains acteurs ont choisi de s’associer au géant américain...

La place des serveurs et bases de données dans Google Scholar

Comme nous le mentionnions au début de cet article, Proquest vient d’étendre sa collaboration avec Google Scholar. Mais cette collaboration n’est pas nouvelle et remonte à l’année 2015 où Google Scholar avait déjà commencé à indexer des millions de références issues des bases de données de Proquest.

Mais Proquest n’est pas le seul acteur à être présent dans Google Scholar.

EBSCO indique sur son site Web être un partenaire de Google Scholar, qui est ainsi en mesure d’indexer les références issues des bases de données et e-journals disponibles sur EBSCOhost.

Attention cependant, EBSCO précise que Google Scholar choisit de ne pas indexer certains contenus qu’il juge éloigné de sa cible comme les articles courts, les éditoriaux, les fiches de lectures, etc. et que certains éditeurs ayant un partenariat avec EBSCO ont choisi d’être exclus de ce programme.

Parmi les autres partenaires de Google Scholar, on pourra citer aussi Gale ou encore Cairn dont les contenus apparaissent dans les résultats du moteur.

D’autres acteurs ont quant à eux choisi d’autres approches pour conquérir un public plus large que les professionnels de l’information traditionnels :

  • certains de ces acteurs ont choisi de développer en parallèle des outils de recherche plus faciles à prendre en main. C’est par exemple le cas avec STN, plus complexe et réservé aux professionnels de l’information avec ses différentes interfaces et Scifinder plus simple et intuitif, adapté aux chercheurs et ingénieurs.
  • d’autres ont conservé une seule interface mais l’ont fait évoluer vers plus de simplicité et de convivialité sans pour autant renier la puissance de leurs fonctionnalités de recherche.

Pro de l’info : Google Scholar ou serveurs et bases de données ?

Lorsque l’on ne dispose d’aucun budget et d’aucun accès à des serveurs et bases de données professionnels, Google Scholar représente indéniablement une solution intéressante.

L’intégration des contenus de certaines bases de données comme Proquest ou Ebsco offre certes une couverture plus large mais le problème financier subsistera car les documents indexés ne sont pas toujours pour autant accessibles gratuitement. Pour ces acteurs, un partenariat avec Google Scholar leur offre surtout une plus grande visibilité sur le Web.

Pour les autres, utiliser Google Scholar plutôt que les serveurs et bases de données professionnelles n’est sûrement pas une bonne idée.

Les fonctionnalités de recherche et d’analyse de Google Scholar restent bien en dessous de ce que peuvent proposer les serveurs et bases de données et d’autre part, il n’y a aucune garantie que Google Scholar indexe l’intégralité des contenus disponibles sur ces derniers.

Google Scholar n’est pas pour autant un produit à proscrire mais doit plutôt être perçu comme un complément ou un point de départ. D’autre part, il est également primordial de connaître et maîtriser l’un des outils les plus utilisés par ses usagers et clients...

Auteur : Carole Tisserand-Barthole, rédactrice en chef de BASES et NETSOURCES